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Vers une meilleure compréhension du sommeil des enfants autistes.

Dernière mise à jour : 7 nov. 2022



Jusqu’à 80% des parents d’enfants autistes se plaignent des difficultés de sommeil de leur enfant.[1] Ils rapportent souvent des symptômes s’apparentant à de l’insomnie, comme des problèmes à s’endormir, un sommeil interrompu par des éveils prolongés de quelques heures pendant la nuit. Ces enfants peuvent s’endormir très tard le soir ou se réveiller très tôt le matin, ou les deux. Ce qui fait en sorte qu’ils ne dorment pas suffisamment. [2]


Un mauvais sommeil peut avoir des effets négatifs sur la régulation des émotions pendant la journée et interférer avec les habiletés cognitives comme l’attention et la mémoire, ce qui peut nuire aux apprentissages. Chez un enfant autiste, le manque de sommeil peut augmenter les comportements de rigidité et stéréotypés, mais aussi perturber les habiletés sociales et de communication. Il peut aussi avoir un impact négatif sur la santé mentale et augmenter les crises, agressions, et comportements d’automutilation. [3-4] Ce qui peut avoir un effet sur le stress parental et le bien-être de toute la famille.[5]


Les causes des perturbations du sommeil chez les enfants autistes sont multifactorielles. Elles incluent des aspects biologiques, psychologies et sociaux. Pour mieux comprendre les aspects biologiques, il faut savoir que le sommeil est régulé par deux mécanismes que nous verrons plus en détail.


Commençons par le processus circadien, appelé aussi horloge biologique. Dans notre corps, nous avons différents rythmes biologiques qui sont organisés sur une période de 24 heures, comme la température corporelle, la pression artérielle, la faim, la digestion et la sécrétion de différentes hormones. Ces rythmes doivent être remis à l’heure chaque jour par l’horloge biologique centrale. Ce sont les noyaux suprachiasmatiques de l’hypothalamus qui jouent le rôle d’horloge biologique centrale et qui synchronisent l’ensemble des rythmes biologiques. Chaque jour, la lumière du soleil entre par les yeux et les noyaux suprachiasmatiques qui synchronisent ensuite tous nos rythmes biologiques.[6]


Lorsque le soleil se couche, et qu’il commence à faire noir, les noyaux suprachiasmatiques signalent à la glande pinéale qu’il est temps de produire l’hormone du sommeil que l’on appelle la mélatonine.[7-8] La mélatonine est une hormone de noirceur, donc sa sécrétion est bloquée lorsqu’il y a de la lumière qui entre dans nos yeux. L’utilisation des écrans avant d’aller au lit, ouvrir les lumières la nuit, ou dormir avec les lumières allumées, sont des comportements qui nuisent à la sécrétion de la mélatonine et donc au sommeil.


Des chercheurs pensent que l’horloge biologique circadienne serait défectueuse chez les personnes autistes et que son signal ne serait pas assez fort. Des recherches ont montré que la concentration de mélatonine était moins élevée chez les personnes autistes comparativement aux participants neurotypiques. Toutefois, ces résultats ne permettent pas de conclure que toutes les personnes autistes ne sécrètent pas suffisamment de mélatonine, et d’autres études sont nécessaires.[9]

Comme nous l’avons vu, l’horloge biologique est synchronisée par la lumière, mais sa synchronisation est aussi influencée par certains comportements comme: l’exercice physique, les interactions sociales, la prise de repas ,et la sécrétion de cortisol, une hormone qui est associée au stress et à l’anxiété. Ces comportements, lorsqu’ils surviennent près de l’heure du coucher, peuvent nuire à la sécrétion de mélatonine et au sommeil. [6]


Sur le plan psychologique, il faut savoir qu’entre 11 et 84% des jeunes autistes ont un trouble anxieux. [10] Ces troubles peuvent se manifester différemment chez les personnes autistes.[11] Par exemple, les comportements répétitifs (flapping, bercements) ou les comportements plus complexes (suivre une routine rigide) peuvent être réconfortants pour eux, mais deviennent une source de stress et d’anxiété lorsqu’ils sont interrompus pour effectuer une transition comme pour aller au lit.[12] La combinaison des perturbations du sommeil et d’anxiété augmenterait le risque de problèmes comportements pendant la journée.[13]



Sur le plan social, les enfants autistes ont souvent des problèmes à percevoir et comprendre les attentes d’autrui.[14] Par exemple, le jeune qui ne perçoit pas les signaux de fatigue des membres de sa famille et les changements dans l’environnement qui surviennent en soirée pourrait montrer une résistance lorsqu’il est temps d’aller au lit.[13] La perception du temps et de la chronologie des événements peuvent aussi être plus difficiles à saisir pour certains jeunes autistes. Il peut en résulter des éveils prolongés pendant la nuit où le jeune ouvre la lumière pour effectuer des activités de jour qui synchronise l’horloge biologique.


Parlons maintenant du processus homéostatique, le deuxième mécanisme du sommeil, qui correspond à la pression de sommeil. Le processus homéostatique maintient un équilibre entre la pression de sommeil qui s’accumule dans la journée, en fonction du temps passé éveillé, et la dissipation de la pression de sommeil lorsque l’on récupère pendant la nuit.[6] Lorsque la pression de sommeil est très forte, on ressent des symptômes physiques de somnolence: Bâillements, paupières lourdes, larmoiements, perte de concentration. Les personnes autistes semblent avoir du mal à identifier leurs symptômes de somnolence. Dans ce contexte, trouver le bon moment pour aller au lit peut être un défi. Ils peuvent aussi avoir du mal à déterminer s’ils doivent se lever ou demeurer coucher s’ils ont un éveil la nuit.


D’autres éléments qui peuvent également nuire au sommeil. Les inconforts physiques comme les désordres gastrointestinaux dont la prévalence peut aller jusqu’à 97% selon les études.[15] En fait, identifier les malaises physiques peut être un défi pour certaines personnes autistes. Ces inconforts peuvent perturber le sommeil.


Les défis sensoriels, présents chez près de 90% des personnes autistes, peuvent également augmenter le stress et perturber le sommeil.[16] Sur le plan visuel, la sensibilité à la lumière du soleil peut entraîner des éveils très tôt. Les couleurs vives et les contrastes forts dans la chambre à coucher peuvent être trop stimulants pour les jeunes autistes. Les objets lumineux ou rotatifs peuvent procurer du plaisir et stimuler plutôt que de favoriser la détente. Sur le plan auditif, la sensibilité aux bruits peut perturber le sommeil et leur faire peur (tic-tac d’une horloge, chasse d’eau). Sur le plan olfactif, les odeurs de savons ou l’aromathérapie peuvent perturber les enfants qui ont une sensibilité olfactive plutôt que de les aider à s’endormir.


En conclusion, les problèmes de sommeils chez les personnes autistes sont fréquents et

multifactoriels. Les aspects biologiques, psychologiques et sociaux doivent être investigués de façon rigoureuse. Si vous êtes une personne autiste, ou que vous avez un enfant autiste, ayant des problèmes de sommeil, vous pouvez réserver une consultation avec Dre Katia Gagnon, PhD, Neuropsychologue en cliquant sur le lien suivant : https://www.drekatiagagnon.com


Références

1-Reynolds AM, Malow BA. Sleep and autism spectrum disorders. Pediatric clinics of North America. 2011;58(3):685-98. doi:10.1016/j.pcl.2011.03.009.


2- Moore M, Evans V, Hanvey G, Johnson C. Assessment of Sleep in Children with Autism Spectrum Disorder. Children (Basel). 2017;4(8). doi:10.3390/children4080072.


3- Tudor ME, Hoffman CD, Sweeney DP. Children with autism: sleep problems and symptoms severity. Autism Dev Disabil. 2012;27:254-62.


4- Adam H, Matson JL, Sweeney DP. The relationship between autism symtpom severity and sleep problems: should be-directionality be considered? Res Autism Spectr Disord. 2012;23:94-106.


5- Hoffman CD, Sweeney DP, Lopez-Wagner MC, Hodge D, Nam CY, Botts BH. Children with autism: sleep problems and mothers’ stress. Focus Autism Other Dev Disabl. 2008;23(3):155-65.


6-Mindell JA& Owans JA. A clinical guide to pediatric sleep diagnosis and management of sleep problems. 3rdedition LLW 2015.

7-Chen WW, Zhang X, Huang WJ. Pain control by melatonin: Physiological and pharmacological effects. Experimental and therapeutic medicine. 2016;12(4):1963-8. doi:10.3892/etm.2016.3565.


8- Kaluzna-Czaplinska J, Gatarek P, Chirumbolo S, Chartrand MS, Bjorklund G. How important is tryptophan in human health? Critical reviews in food science and nutrition. 2017:1-17. doi:10.1080/10408398.2017.1357534.


9- Gagnon K. & Godbout R. Melatonin and comorbidities in children with autism spectrum disorder. Curr dev disord rep. 2018; 5(3): 197-206. doi: 10.1007/s40474-018-0147-0.

10-Van Steensel FJA, Heeman EJ. Anxiety Levels in Children with Autism Spectrum Disorder: A Meta-Analysis. Journal of child and family studies. 2017;26(7):1753-67. doi:10.1007/s10826-017-0687-7.


11- Magiati I, Ong C, Lim XY, Tan JW, Ong AY, Patrycia F et al. Anxiety symptoms in young people with autism spectrum disorder attending special schools: Associations with gender, adaptive functioning and autism symptomatology. Autism : the international journal of research and practice. 2016;20(3):306-20. doi:10.1177/1362361315577519.


12- Scahill L, Challa SA. Repetitive behavior in children with autism spectrum disorder: similarities and differences with obsessive- compulsive disorder. In: Mazzone L, Vitiello B, editors. Psychiatric symptoms and comorbidities in autism spectrum disorder. Springer International Publishing; 2016.

13-Postorino V, Kerns CM, Vivanti G, Bradshaw J, Siracusano M, Mazzone L. Anxiety Disorders and Obsessive-Compulsive Disorder in Individuals with Autism Spectrum Disorder. Current psychiatry reports. 2017;19(12):92. doi:10.1007/s11920-017-0846-y.


14- American Psychiatric Association. Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.). Arlington, VA: American Psychiatric Publishing; 2013.

15-Holingue C, Newill C, Lee LC, Pasricha PJ, Daniele Fallin M. Gastrointestinal symptoms in autism spectrum disorder: A review of the literature on ascertainment and prevalence. Autism research : official journal of the International Society for Autism Research. 2018;11(1):24-36. doi:10.1002/aur.1854.


16- Robertson CE, Baron-Cohen S. Sensory perception in autism. Nature reviews Neuroscience. 2017;18(11):671-84. doi:10.1038/nrn.2017.112.


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