Le syndrome des jambes sans repos : quand vos jambes n’en font qu’à leur tête
- Dre Katia Gagnon, PhD, Neuropsychologue
- 1 août
- 5 min de lecture
Avez-vous déjà ressenti une envie incontrôlable de bouger les jambes au moment de vous coucher ? Le
syndrome des jambes sans repos, aussi appelé maladie de Willis-Ekbom, est un trouble neurologique courant qui touche environ 7 % de la population mondiale adulte (Journal of Global Health, 2019). Il se manifeste surtout le soir ou la nuit et provoque des sensations désagréables dans les jambes : fourmillements, picotements ou tensions internes, soulagées temporairement par le mouvement. Ce trouble peut perturber le sommeil et peut se déclarer dès l’âge de 20 ou 30 ans, bien qu’il soit souvent diagnostiqué plus tard, autour de 40 à 50 ans.

Ce trouble, souvent méconnu du grand public, touche particulièrement les femmes enceintes ou celles ayant des antécédents familiaux, bien que les hommes soient également touchés. Mais d’où viennent ces sensations étranges et envahissantes qui prennent vie au moment du repos?
L’origine du syndrome des jambes sans repos
Le syndrome des jambes sans repos ne vient pas d’une seule cause, mais plutôt d’un ensemble de facteurs biologiques et environnementaux. Certaines personnes y sont plus sensibles en raison de leur bagage génétique : si un parent en souffre, les risques augmentent nettement. D’autres déclencheurs peuvent s’ajouter, comme la grossesse, l’anémie, l’insuffisance rénale ou certaines maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson.
Une des explications repose sur le rôle du fer dans le cerveau. Le fer est indispensable à la production de dopamine, une substance qui aide à réguler les mouvements. Lorsqu’il y a un manque de dopamine, le système nerveux devient plus « agité », ce qui pourrait expliquer cette envie incontrôlable de bouger les jambes au repos. En clinique, on mesure souvent la ferritine, soit les réserves de fer. La ferritine est une protéine qui agit comme un transporteur et un réservoir de fer : elle stocke le fer et le libère au besoin, alors que le fer libre circule activement et participe directement aux fonctions biologiques, comme la production de dopamine. Dans le cadre du syndrôme des jambes sans repos, les taux de ferritine sont différents de ceux associés à la carence en fer. On parle plutôt d’un niveau sous-optimal dans le cadre de symptômes d'agitation nocturne. En fait, des études ont montré que les personnes atteintes du syndrome des jambes sans repos peuvent présenter des taux de fer plus faibles dans certaines régions du cerveau, comme la substance noire, le thalamus, le noyau accumbens et le pallidum. C’est pourquoi, dans le contexte du syndrome des jambes sans repos, certains experts recommandent de viser des taux de ferritine supérieurs à 75 ou 80 μg/L chez l’adulte et 50 μg/L, même si les valeurs dites « normales » en population générale commencent dès 20 à 30 μg/L.
Enfin, certains médicaments peuvent aggraver les symptômes, comme les antihistaminiques de première génération (ex: Benadryl, NyQuil), certains antipsychotiques (ex: quétiapine) et même certains antidépresseurs. À l’inverse, des médicaments appelés agonistes dopaminergiques peuvent soulager les symptômes, mais ils ne sont pas sans risque : chez certaines personnes, ils peuvent entraîner des comportements compulsifs, comme des achats ou des jeux excessifs. Sachant tout cela, que faire ?
Un massage électrique

Et si un simple petit appareil pouvait apaiser des jambes trop agitées ? C’est précisément ce qu’ont voulu tester des chercheurs en évaluant les effets d’une stimulation électrique douce (3 Hz) chez 46 personnes atteintes du syndrome des jambes sans repos. Résultat : celles qui ont reçu la vraie stimulation ont vu leurs symptômes diminuer de façon notable, possiblement grâce à une meilleure circulation sanguine provoquée par de légères contractions musculaires. Le soulagement durait au moins 20 minutes après chaque séance.

Bonne nouvelle : l’appareil utilisé dans cette étude, le KD-PRO 5000 GOLD, est disponible pour le grand public. Ce n’est pas un hasard si cela fonctionne : le simple fait de bouger les jambes ou de marcher brièvement peut déjà calmer les symptômes. En effet, le syndrome des jambes sans repos est associé à une hyperexcitabilité du système nerveux, notamment au niveau de la moelle épinière. Le mouvement active les nerfs, stimule la circulation sanguine et contribue ainsi à apaiser cette activité nerveuse excessive. D’autres technologies simples peuvent reproduire cet effet calmant. Par exemple, la stimulation électrique transcutanée (TENS), déjà utilisée en physiothérapie, envoie de légers courants à la surface de la peau. Dans une petite étude, 6 participants sur 9 ont rapporté un soulagement après 30 jours d’utilisation quotidienne d’un appareil TENS à domicile.
Des solutions émergentes
Parlons maintenant de quelques solutions émergentes qui suscitent un intérêt croissant chez les chercheurs et les patients. Dans une autre étude clinique, la lumière infrarouge, appliquée sur les jambes trois fois par semaine pendant un mois, aurait permis de réduire significativement les symptômes du syndrome des jambes sans repos. Certaines personnes essaient aussi des bas de compression. Bien que les données soient encore limitées, ces outils pourraient améliorer la qualité du sommeil chez certaines personnes en diminuant l’inconfort ressenti au coucher.
Bref, bien que le syndrome des jambes sans repos puisse être particulièrement épuisant, plusieurs approches complémentaires peuvent offrir un soulagement. En plus des technologies comme le TENS ou la lumière infrarouge, des méthodes simples comme la compression pneumatique, le yoga, l’acupuncture ou même un bain d’eau froide le soir ont montré des effets positifs chez certaines personnes, notamment en favorisant la circulation sanguine et la relaxation.
Vous croyez souffrir du syndrome des jambes sans repos ?
Mais avant d’explorer toutes les solutions existantes sur le marché, il est essentiel de consulter un professionnel de la santé. Celui-ci pourra évaluer les causes possibles du trouble, qu’elles soient neurologiques, génétiques, liées à un problème de fer ou à certains médicaments. Ainsi, le professionnel prescrira une solution adaptée à votre situation comme une polysomnographie, faire doser la ferritine, ajuster les traitements pharmacologiques ou encore recommander des changements de molécule si un médicament aggrave les symptômes. Parfois, de simples massages, une courte marche ou une meilleure hygiène de sommeil peuvent déjà faire une différence. Une fois les bases bien établies, les technologies émergentes peuvent alors s’intégrer dans une approche globale, personnalisée et mieux tolérée. Et qui sait, avec des jambes enfin au repos la nuit, vous serez un peu plus prêt à courir après votre tout-petit le jour !
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RÉFÉRENCES
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